BLOG   LUMIÈRE DE SAGESSE

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Blog de Pierre Wittmann – Octobre - décembre 2023

14 Dec 2023

Reconstruire la société

Le système et les structures qui contrôlent et dirigent le monde actuel sont tellement puissants et tellement omniprésents dans tous les secteurs de la société qu’il semble très difficile de pouvoir les renverser, les remplacer ou les transformer rapidement. D’abord, ceux qui sont réellement au pouvoir, même s’ils sont peu nombreux, vont utiliser tous les moyens pour conserver leur pouvoir. On le voit actuellement. Et pour l’instant, la plus grande partie de l’infrastructure qui est chargée de faire appliquer les directives du pouvoir lui reste fidèle. Ce sont les fonctionnaires de l’administration, les politiciens, la police et l’armée, les technocrates, les scientifiques, les médecins, les enseignants, les journalistes des médias officiels, les employés des grandes compagnies et des banques. Ils constituent des millions de personnes qui ont accepté, formellement ou non, un contrat de loyauté à l’égard de ceux qui leur permettent, directement ou indirectement, de gagner leur vie. Et toute enfreinte à ce contrat de loyauté est puni de sanctions dont la plus courante est le perte de son emploi (pour les salariés), l’interdiction d’exercer leur métier (par exemple pour les médecins) ou l’interruption des subventions, bourses, prêts ou autres moyens financiers (par exemple pour les scientifiques, les universitaires et autres instituts de recherches). Dans un monde où tout est basé sur l’argent, et avant tout la survie physique, la simple menace de ces sanctions suffit en général à maintenir les gens dans le « droit chemin ». D’autres sanctions beaucoup plus graves punissent ceux dont les actions ou les paroles pourraient mettre le pouvoir en danger.

Il faut se rendre compte aussi que le fonctionnement de certaines des infrastructures de la société possède une grande inertie, et que même si on les changeait radicalement aujourd’hui, leurs effets pernicieux continueraient pendant une longue période, dans les meilleurs des cas quelques années, mais souvent des décennies et parfois une ou plusieurs générations. Car les conditionnements qu’ont subis la population sont profonds et ont créé aussi (c’était bien leur objectif) une forme de loyauté, consciente ou plus souvent inconsciente, vis-à-vis du pouvoir. Le déconditionnement est un processus long et difficile, et souvent impossible. On le voit clairement quand des idées, des croyances ou des postulats qui ont été démontrés comme faux restent, des décennies plus tard, les fondements de la vision du monde et des pratiques scientifiques, non seulement chez les personnes ordinaires, mais chez une grande partie des scientifiques et des enseignants, sans parler des politiciens.

On pourrait décider aujourd’hui de reconstruire complètement le système de l’éducation, du jardin d’enfant à l’université (même si dans un nouveau système ces subdivisions n’auront probablement plus aucun sens), car l’éducation est le plus puissant système de conditionnement de la société, un conditionnement obligatoire qui permet ensuite de manipuler la population. Et pour que ce système fonctionne bien, les premières personnes à conditionner sont les enseignants. Il faut donc commencer par reconditionner et reformer les enseignants actuels, ce qui implique une période de transition d’au moins une génération entre l’ancien système et le nouveau système. De même, pour les petits enfants qui recevraient dès aujourd’hui la nouvelle éducation, il faudra attendre une ou deux générations jusqu’à ce qu’ils forment la majorité de la population adulte et puissent avoir une forte influence sur le fonctionnement de la société.

Un autre exemple : on pourrait décider de reconstruire complètement le système médical, de supprimer une grande partie des médicaments chimiques et des vaccins qui ont des effets secondaires toxiques et produisent de nouvelles maladies (car ils font des gens d’éternels malades qui rapportent des milliards à l’industrie pharmaceutique), et de recommencer à prescrire des traitements plus naturels. Comme pour l’éducation, il faudrait commencer par déconditionner et reformer les médecins. Et toutes les personnes qui ont été intoxiquées depuis leur enfance par la médecine allopathique, pourra-t-on vraiment les désintoxiquer ? Si on leur supprimait du jour au lendemain leurs médicaments favoris, peut-être qu’un grand nombre d’entre eux en mourraient. Il faudra donc attendre probablement 2 ou 3 générations pour avoir une population en bonne santé.

On voit dans ces deux exemples qu’il faudrait attendre une, deux ou trois générations pour que la société change profondément, et cela si on parvenait à transformer radicalement et rapidement ces deux systèmes. C’est peu réaliste, car changer l’éducation demanderait d’importants changements aux niveaux social et culturel, et changer le système médical de profonds changements aux niveaux politique et économique. Et il n’est pas sûr du tout que la majorité de la population soutiendrait ces réformes. Donc un changement progressif et non-violent du monde prendrait longtemps, même si on pouvait le commencer tout de suite. Et pour cela il faudrait un changement d’attitude immédiat d’un pouvoir en place qui n’a aucune envie ni intention de changer. Et même s’il était renversé, d’une manière ou d’une autre, qui serait capable de prendre sa place sans adopter ses méthodes ? Et son appétit pour l’argent ? C’est là qu’est le plus gros problème : l’argent ! Et l’avidité pour l’argent des super-riches qui dirigent le monde n’est qu’un reflet de notre propre avidité individuelle pour l’argent, que nous refusons de voir. Seule une société sans argent pourrait nous conduire à un monde de paix, d’harmonie et de bienveillance, où la solidarité, la collaboration et le partage pourrait remplacer la compétition, la course pour le profit et la violence. C’est simple, mais sommes-nous prêts à accepter et à mettre en œuvre ces changements ?

 

11 mai 2020, Khanom

744 Rayon jaune

744 Rayon jaune

30 Nov 2023

Essence du Journal

De 2014 à 2016, j’écrivais presque tous les matins des Réflexions sur des sujets divers, un peu différentes des Notes de Dharma souvent courtes que j’écrivais au début des années 1990. Je les écrivais dans un cahier, pendant, ou à la place, de ma méditation. Alors que, pendant cette période, j’ai toujours écrit le Journal proprement dit sur l’ordinateur, de même que les réponses à certains mails que j’ai appelé Mails-conseils, mais qui sont très semblables aux Réflexions du cahier. Il y a beaucoup de bons textes, qui sont du même genre de ceux que je publie sur mon blog, et de ceux, souvent les mêmes, qui constituent mon recueil Regarder la vie. Pendant ces trois années, ces Réflexions remplissent deux à trois fois plus de pages que le Journal proprement dit, ce qui va peut-être de nouveau contrarier certaines lectrices de l’APA. Mais ces Réflexions sont la forme que le Journal a prise pendant cette période. Et, contrairement aux Notes de Dharma des années 1990 qui concernaient souvent des aspects techniques des enseignements bouddhiques, celles-ci concernent des sujets plus généraux, ou des sujets plus philosophiques.

Ces Réflexions constituent une nouvelle provision de carburant pour mon blog et pour les futurs recueils que j’ai l’intention de publier, sous la même forme que Regarder la vie. Dans la même optique, j’ai aussi fini ce mois de corriger les textes anciens, de 1984 à 2013, que j’appelle l’Essence du Journal. Comme j’avais l’intention de publier un livre par année, j’aimerais publier Regarder la vie 2 avant mon départ le 7 avril, aussi, comme il ne me reste qu’un peu plus de deux mois, il faut que je m’y mette tout de suite.

Le 12 novembre 2015, j’écrivais : « Mettre tous les documents, informations et connaissances que je possède sur l’internet et les offrir librement au monde ». En fait, ces textes de l’Essence du Journal sont la quintessence de ces documents, informations et connaissances ; ils constituent des regards sur ma vie, et donc sur la vie, comme le suggère le titre complet du recueil : Regarder la vie, 49 regards sur ma vie. J’ai l’impression que ces textes sont une des choses les plus importantes que j’ai faite dans ma vie, et que je pourrais transmettre à la postérité, même si cela peut sembler prétentieux. En tout cas, cela me semble plus réalisable pratiquement que la transmission de mes tableaux, dont le sort me paraît toujours très aléatoire. J’ai l’impression aussi que la publication de ces textes est la principale tâche que je vais accomplir pendant les années qui me restent à vivre, et que cela doit devenir ma principale activité, même si, d’une certaine manière, ce l’est déjà depuis longtemps. Mais je pourrais encore simplifier ma vie et y consacrer plus de temps. Et mon idée est non seulement de corriger et publier les anciens textes déjà écrits, mais aussi d’en écrire de nouveaux. Et reprendre un rythme et une discipline dans ce sens est une des choses que je souhaitais entreprendre en cette nouvelle année.

Dans les textes que je désire transmettre, ceux que j’ai déjà publiés et ceux que j’ai l’intention de publier dans le futur, il y a cinq sortes de textes :

Les poèmes, comme ceux du Silence des couleurs.

Les textes longs, 2 à 10 pages, comme ceux du Guide du bonheur.

Les textes courts, 8 lignes à deux pages, comme ceux de Regarder la vie.

Les textes très cours, moins de 8 lignes, qui constituent une grande partie des Notes de Dharma, et que je postais à une époque sur Facebook, mais que je n’ai pas encore publiés sous forme de livre.

Les textes de plus de 10 pages, qui sont des nouvelles, des romans ou des épisodes du Journal, comme Marlène ou le jeu de la vieLe parfum de l’éveil et Le jardin de la libération.

Beaucoup de travail en vue, mais comme c’est ce que j’aime faire, ce qui me rend heureux et ce qui me maintient en bonne santé…

 

29 janvier 2019, Chiang Mai

366 Idéogramme (la mer)

366 Idéogramme (la mer)

16 Nov 2023

Nouvelle vie

J’ai souvent besoin de changement, et il y en a eu beaucoup dans ma vie. Car je n’ai pas envie de me laisser prendre dans une vie de routines et d’habitudes.

Après deux ans un peu difficiles au niveau santé et énergie, depuis mon opération à l’œil, j’ai senti que c’était le moment de commencer une nouvelle vie, un peu moins ascétique. J’ai recom­mencé le golf, j’apprends à danser le tango argentin, et je sors beaucoup pour manger dehors. Dans la rue principale du quartier où j’habite à Chiang Mai, j’ai compté l’autre jour, il y a 45 restaurants, où un repas coûte entre 50 centimes et 3 euros… cela revient en général moins cher que de se cuisiner à la maison.

Une chose qui m’a beaucoup aidé à me prendre en main pour changer de vie, c’est le tri de mes affaires en Provence l’été dernier. Et j’ai fait la même chose en arrivant ici cet automne : cela m’a pris deux mois. Je viens de donner la moitié de mes livres et toutes mes revues. Je me sens plus léger !

C’est sûr que j’ai la chance d’habiter en Thaïlande ; l’ambiance et les conditions de vie en Euro­pe semblent de plus en plus difficiles. J’ai l’impression qu’un ces jours je n’y reviendrai plus. Pour l’instant, j’ai encore une maison et plus de 600 tableaux, mais quand je suis ici je n’y pense pas ; je verrai la situation à mon retour. J’ai l’intention de déménager, d’aller passer les étés en Italie, c’est sans doute mieux que la France, mais à côté de la Thaïlande…

Je crois qu’il ne faut pas trop se laisser influencer par les nouvelles, et par la situation écono­mique et politique. Vu qu’on n’a pas beaucoup de pouvoir pour la changer, et qu’elle est très imprévisible, pourquoi s’en préoccuper ? Il ne faut pas oublier que les nouvelles alarmistes, et le climat de peur qu’elles produisent, sont le moyen, pour ceux qui sont au pouvoir, de manipuler et dépouiller les autres. Il ne faut pas se laisser prendre à leur jeu, mais vivre d’avantage au jour le jour, comme savent si bien le faire les Thaïlandais : rire, s’amuser et s’émerveiller devant tout ce que la vie nous offre. Et si une crise arrive, elle ne sera sûrement pas comme on l’avait prévue : il sera temps à ce moment-là de voir que faire. Car tous les projets d’avenir qu’on aura si minutieu­sement mis en place et auxquels on aura fait tellement confiance peuvent s’effondrer définitivement du jour au lendemain. Mais les vieux comme moi, il n’est pas sûr qu’ils auront la chance, ou le malheur, dans cette vie, de connaître cette crise qu’on leur promet déjà depuis des décennies.


14 décembre 2018, Chiang Mai

960 Peinture de guérison

960 Peinture de guérison

2 Nov 2023

Quitter ce monde

Marie m’a dit qu’elle s’efforçait, en suivant les enseignements de Mooji*, d’atteindre une réalisation qui lui permettrait de ne plus se réincarner dans ce monde de souffrance.

Voici les idées qui me viennent par rapport ce désir :

Au lieu de vivre le moment présent, elle projette un but hypothétique, l’éveil, dans le futur. C’est l’ego qui souffre dans ce monde et qui désire quitter ce monde pour ne plus souffrir. Cet ego ressent un manque, qu’une démarche spirituelle pourrait combler. Pour l’instant, il n’est pas ce qu’il désire être : éveillé. Ce désir, comme il est inassouvi, crée attente, insatisfaction et souffrance.

L’idée de réincarnation dans une autre vie est une image pédagogique. Elle concerne un ego illusoire qui se prend pour une entité inhérente et qui s’imagine qu’il a la possibilité de se réincarner ou de ne pas se réincarner. La vraie réincarnation ne se fait pas de vie en vie, mais d’instant en instant. C’est la manifestation, la forme, qui se réincarne, une pulsation entre le manifesté et le non-manifesté, ou entre la forme et la vacuité, comme les pulsations entre les ondes et les particules au niveau de la matière. Si on croit qu’il y a un soi, c’est le soi qui se réincarne d’instant en instant. Si on ne croit pas qu’il y a un soi, il n’y a plus de soi qui se réincarne, mais il n’est pas nécessaire de mourir pour cela.

La souffrance est une illusion qui se manifeste lorsqu’on n’accepte pas les choses telles qu’elles sont, mais qu’on voudrait qu’elles soient différentes. Lorsqu’on aime ce qui est, comme dit Byron Katie, la vie dans ce monde n’est pas un problème, et l’idée de vouloir le quitter n’apparaît pas.

Il n’y a pas de non-manifesté qui existerait en dehors du manifesté, ou de Dieu qui existerait en dehors de la création. Ce sont deux aspects de la même réalité, qui sont inséparables. Rien ne peut exister en dehors de la totalité, dont tout fait partie. C’est pourquoi aucune réalité n’existe en dehors de notre vie quotidienne, et s’imaginer qu’on pourrait disparaître dans la vacuité si on pratique bien ou qu’on écoute tous les jours des satsangs*, est une utopie. Par contre, on peut réaliser que la vie est merveilleuse, qu’elle est un émerveillement de chaque instant, même si par moment on l’oublie ; mais la pratique permet de l’oublier de moins en moins.

C’est toujours le même monde, où certains vivent en s’imaginant qu’ils sont un soi séparé et souffrent, alors que d’autres ne croient plus au soi et s’émerveillent ; c’est la vie qui s’émerveille, en prenant la forme d’un corps et d’un esprit. Mais si on s’imagine être la pure conscience, le non-manifesté ou être en union avec Dieu, cela signifie qu’il y a toujours un soi subtil qui s’identifie à ces concepts abstraits, car il a peur de ne rien être. Ce n’est pas beaucoup mieux que de s’identifier au corps ou au mental, et, contrairement à ce que certains s’imaginent, ce n’est pas le vrai éveil, mais l’obstacle où beaucoup s’arrêtent croyant être arrivés. Ce n’est qu’en ayant le courage de retourner dans la matière, dans le monde, sur la place du marché, que le soi peut disparaître complètement et laisser la vie faire fonctionner spontanément le corps et le mental, comme elle a toujours fait fonctionner nos organes et nos cellules. Alors enfin, il n’y a plus personne qui juge, qui critique, qui commente et qui réagit psychologiquement au déroulement de la réalité, en essayant de la contrôler ou en se prenant pour un témoin, un sujet ou un éveillé. Quelle joie !


* Mooji (né en 1954) : d’origine jamaïcaine, Mooji fut un disciple de H.W.L. Poonja. Il enseigne l’advaïta vedanta dans la tradition de Ramana Maharshi et vit à Monte Sahaja, au Portugal, dans l’ashram qu’il a créé.

* Satsang (sanscrit) : littér. être en compagnie de la vérité. Désigne les assemblées qui se constituent autour d’un gourou qui enseigne la non-dualité. 

 

13 janvier 2017, Chiang Mai

784 Rayon rouge

784 Rayon rouge

19 Oct 2023

Le surmoi (superego)

Je tombais parfois, dans mes lectures, sur un mot que je comprenais mal : superego. J’ai découvert que la traduction française de ce mot anglais est « surmoi ». J’ai lu hier un chapitre à ce sujet dans le passionnant livre d’A. H. Almaas*, Essence.

Le surmoi est l’entité suprême de la personnalité, composée, selon Freud, de trois parties : l’id (les instincts), l’ego et le surmoi.

Le surmoi est une sorte de dictateur intérieur qui nous impose des interdictions, des règles et des valeurs. Le petit enfant craint l’autorité – les remontrances et les punitions – de ses parents, et en même temps, comme il aime ses parents et a besoin d’eux, il essaie de ne pas leur déplaire et d’éviter les comportements qui semblent les contrarier. Lors du développement de sa personnalité, le surmoi prend à un certain moment la place de ses parents. Le surmoi devient sa bonne ou mauvaise conscience, qui lui dicte ce qui est bien ou mal, prescrit ou interdit, et s’il désobéit, le punit par des émotions douloureuses comme la honte et la culpabilité. Mais par la suite, il continue à imposer son autorité à l’adulte et lui interdit de faire les actions qui déplaisaient à ses parents, et ceci d’une façon automatique et inconsciente. 

Lors du travail de développement personnel qui permet de retrouver son essence, une des premières tâches à effectuer est le démantèlement de la structure du surmoi ; cela demande de retrouver les situations de l’enfance qui ont causé son développement et dont les souvenirs sont enfouis profondément dans l’inconscient. C’est souvent très douloureux, mais toujours libérateur. Pour que l’essence puisse retrouver sa juste place usurpée par la personnalité et reprendre la direction de notre vie, il faut que les matériaux de l’inconscient soient ramenés à la conscience afin d’être compris et éliminés. 

Pour pouvoir travailler sur l’ego, et se défaire de son emprise, il faut commencer par se libérer du pouvoir tyrannique du surmoi.


* Almaas (A. H.) : auteur et enseignant spirituel américain koweïtien qui enseigne une approche du développement spirituel éclairée par la psychologie et la thérapie modernes qu'il appelle l'approche du diamant. Almaas est le mot arabe pour diamant.

 

3 janvier 2016, Chiang Mai

606 Unité dans la dualité

606 Unité dans la dualité

5 Oct 2023

Perception de la réalité

Nos pensées et nos croyances créent la réalité que nous expérimentons et notre perception d’un monde extérieur (c’est ce que dit Armelle Six, et ce que je disais déjà en 2002 dans Le guide du bonheur).

Cela signifie que les manifestations de la pure conscience sont subjectives, chacun les perçoit différemment, perçoit d’autres choses au même moment ; il n’y a pas de réalité objective dans le temps et l’espace, car le temps et l’espace sont aussi des pensées qui se manifestent de façon subjective. Donc, il n’y a pas un ordre des choses objectif, mais il y a un fonctionnement des choses, qui serait l’enchaînement des moments mentaux (mind moments) dont parle le Bouddha.

Notre réalité n’apparaît pas par hasard, elle est le résultat de notre conditionnement et de notre continuum mental, qui est une forme subtile du karma. Notre continuum mental est sans cesse conditionné par nos perceptions, nos émotions, nos pensées, et par nos interrelations avec celles des autres êtres, qui, ensemble, créent un conditionnement collectif et la perception collective d’un environnement qui nous semble commun et dans lequel se déroulent des événements qui sont perçus de façon similaire par les gens qui ont un conditionnement similaire. Ce sont des perceptions illusoires collectives au lieu d’être des perceptions illusoires individuelles.

La contemplation de notre fonctionnement et de notre conditionnement peut nous permettre de ne plus en être la victime, et de voir que cette victime est aussi une perception illusoire, la plus pernicieuse de toutes : la personne que nous croyons être ! C’est elle qui imagine le samsara*. Le nirvana, c’est quand cette personne illusoire cesse d’imaginer un monde illusoire dans l’espace-temps. La personne disparaît avec l’espace-temps qui créait l’illusion de son existence, et ce qui reste est l’éternité insondable du moment présent, sans personne pour la contempler : le silence du cœur, et la joie sans cause !


Samsara (pali) : littér. transmigration perpétuelle. Désigne le cycle des renaissances – le monde conditionné dans lequel nous vivons – qui, tant que nous n’en avons pas perçu la nature illusoire et le considérons comme la seule réalité, est comparé par le Bouddha à un océan de souffrance.

 

15 janvier 2015, Chiang Mai

1187 Poème de couleurs

1187 Poème de couleurs

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