Blog de Pierre Wittmann – Avril - juin 2024
Y a-t-il une réalité objective ?
Y a-t-il une réalité objective ? Certains pensent que non, que le monde est une croyance. Cela serait la vue du védanta : le monde est une illusion (maya). Ce ne fut toutefois pas la vue d’Aurobindo, et ce n’est pas, semble-t-il, celle du shivaïsme du Cachemire. Daniel Odier dit qu’il n’y a pas d’absolu en dehors de la réalité objective (ce serait aussi la position du chan). Et Éric Baret* dit que la pratique est la vie quotidienne (ce serait aussi la vue du bouddhisme theravada* d’Ajahn Chah) ; il parle de voitures rouges, de maîtresses, de chats écrasés, et d’observer nos émotions, qui sont un reflet de la réalité : ce ne sont donc pas des croyances.
Le Bouddha parle de la souffrance, de l’insatisfaction, la Première Noble Vérité* : ce n’est pas une croyance. Et comment le bodhisattva du bouddhisme mahayana* pourrait-il pratiquer l’amour et la compassion pour tous les êtres si le monde et ses êtres n’étaient qu’une croyance ou une illusion ?
Même si, dans l’absolu, le monde phénoménal n’a pas d’existence inhérente, il n’est pas inexistant pour autant ; c’est un monde relatif qui se manifeste à la suite de causes et de conditions, mais il est bien réel. C’est pourquoi Padmasambhava disait : « Si notre vision de l’absolu est aussi vaste que le ciel, notre préoccupation du relatif doit être aussi fine que des grains de farine ».
Dire que les souffrances du monde, les millions de gens qui meurent de faim, la crise économique et le réchauffement de la planète ne sont que des croyances est une façon d’éviter de se sentir impliqué dans les souffrances du monde et de garder bonne conscience en cultivant sa béatitude sur son tapis de méditation ou son petit nuage. Je ne pense pas que ce soit la voie des éveillés, les vrais, ceux qui ne se sont pas évaporés dans la vacuité de l’absolu, ou devenus des zombies incapables de fonctionner dans le monde, mais sont redescendus sur la place du marché, dans la réalité objective, pour aider les êtres.
* Baret (Éric) (né en 1953) : disciple de Jean Klein, Éric Baret enseigne le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il est devenu mon principal maître spirituel depuis notre rencontre en 2002.
* Theravada (pali) : littér. doctrine des Anciens. Seule école du bouddhisme hinayana – le petit véhicule – qui ait subsisté jusqu’à nos jours, le theravada est considéré comme la forme la plus ancienne du bouddhisme, et son Canon, rédigé en pali, serait la transcription fidèle des enseignements du Bouddha. Le theravada est pratiqué dans les pays du Sud-Est asiatique : Sri Lanka, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge.
* Quatre Nobles Vérités : ce sont les Vérités de la souffrance, de l’origine de la souffrance, de la cessation de la souffrance et de la voie conduisant à la cessation de la souffrance, ou Noble Voie Octuple. Les Quatre Nobles Vérités sont considérées comme la base de l’enseignement du Bouddha et sont reconnues comme telle par tous les bouddhistes.
* Mahayana (sanscrit) : littér. grand véhicule. Une des deux grandes branches du bouddhisme – avec le theravada, ou bouddhisme ancien – qui s’est développée en Inde à partir du premier siècle avant J.-C. Le mahayana comprend toutes les écoles tardives du bouddhisme qui se sont répandues par la suite en Chine, au Japon et au Tibet. Alors que le theravada met l’accent principalement sur la vie monastique et la libération individuelle, l’adepte du mahayana aspire à l’illumination pour œuvrer à la libération de tous les êtres. Cette attitude est incarnée par le bodhisattva, dont la vertu principale est la compassion.
10 novembre 2015, Chiang Mai
Tristesse
Pendant les fêtes du songkran*, j’ai lu un livre prêté par René : The Museum of Innocence, d’Orhan Pamuk, l’écrivain turc qui a reçu le prix Nobel il y a quelques années. C’est un gros livre, plus de cinq cents pages, et malheureusement dans une traduction anglaise au style aseptisé. J’ai de la peine à lire ces longs romans, j’y trouve beaucoup de longueurs (que je lis parfois en diagonale). Avec deux cents pages de moins ils seraient très bien. C’est déjà ce que j’ai ressenti en lisant The Gift of Rain, de Tan Twan Eng, un auteur malaisien, que René m’avait prêté auparavant : une histoire qui se passait à Penang pendant la deuxième guerre mondiale et l’occupation japonaise. L’histoire est souvent horrible ; j’ai surtout aimé les ambiances de Penang que je retrouvais avec plaisir.
Dans Le musée de l’innocence, il n’y a pas beaucoup d’action, mais une grande tristesse, dans laquelle je me suis trouvé plongé depuis deux jours. Il semble qu’il y ait déjà une tristesse dans la ville d’Istanbul et ses habitants. En plus, l’histoire d’amour entre le narrateur, Kemal, et la belle Füsun, est particulièrement triste. Après un mois et demi d’une liaison idyllique, Füsun disparaît, et Kemal se retrouve complètement désespéré. Après un an, il la retrouve et, pendant huit ans, il passe trois ou quatre soirées par semaine avec elle et ses parents sans pouvoir la toucher et à peine lui parler. Enfin, après dix ans d’attente, il passe une nuit d’amour avec Füsun, mais le lendemain matin elle se tue en voiture. Pendant ces dix ans, Kemal a collectionné tous les petits objets qui ont été en contact avec Füsun ou qui lui rappellent Füsun ; à la fin de sa vie, après encore vingt ans de solitude à penser à sa bien-aimée, il en fera un musée (un musée qu’Orhan Pamuk a réellement créé à Istanbul).
Je me demandais hier soir pourquoi je me sentais si triste après la lecture ce livre. Est-ce l’émotion ultime dont parle Éric Baret* : le pressentiment que rien dans l’existence phénoménale ne peut produire la moindre satisfaction ? Ou est-ce que je retrouve des sentiments que j’ai éprouvés dans ma vie, peut-être avec Ariella, entre autres. Un peu des deux, sans doute ! Les expériences de tristesse du samsara*, celles de séparation, de solitude, ou la réalisation que la joie ultime, la fusion avec un autre être, qu’on s’imagine pouvoir trouver dans une relation, se trouve toujours détruite à un moment donné par des contingences matérielles, des conventions sociales, des conditionnements, ou, à un certain niveau, l’impossibilité de communiquer vraiment ce qu’on ressent ou ce à quoi on aspire.
Kemal transfert son amour sur les nombreux objets ordinaires qu’il accumule, et qui finissent par remplacer sa bien-aimée et matérialiser ses souvenirs. Et le musée de ces objets immortalisera son histoire, sa vie à Istanbul, et son amour ; encore plus peut-être que le livre. Même si c’est un roman, Orhan Pamuk dit que cinquante pour cent de ce qu’il écrit est autobiographique, et les objets du musées appartiennent plus à la réalité (à sa réalité) qu’à la fiction.
Même si j’accumule, amasse et garde beaucoup de choses, je n’ai pas l’impression d’être un collectionneur. Je ne suis pas attaché aux vieux objets, et ai plutôt horreur des vide-greniers, marchés aux puces ou antiquaires. Je garde les objets utiles, ou qui pourraient servir un jour ; mais achète rarement quelque chose d’inutile. Ce que j’ai peut-être collectionné, ce sont les livres ; ce ne fut toutefois jamais dans un esprit de collectionneur, mais plutôt de lecteur curieux, ou de chercheur avide (pour les livres spirituels). Il ne semble pas y avoir de livres dans le musée de l’innocence. À part les livres, ce sont surtout les fruits de mon travail créatif que je garde précieusement : mes tableaux et mes écrits.
Je me demandais quel était mon musée ? Mes tableaux ou mon Journal ? Mes tableaux pourraient faire un beau musée. Ce sont aussi des souvenirs, mais qui ne couvrent pas tous les aspects de ma vie comme mon Journal. Mon musée, je pense que c’est plutôt mon Journal, même s’il est virtuel et ne pourrait pas être exposé, comme les tableaux. Mais, comme pour Kemal, il semble y avoir cette obsession de vouloir matérialiser, immortaliser mes souvenirs ; il me semble de plus en plus que ce sera peut-être la seule activité qui continuera à m’occuper jusqu’à la fin de ma vie. Est-ce cela, la cause apparente de ma grande tristesse ? L’autobiographie, est-ce cette tentative dérisoire de fixer les souvenirs fugitifs d’une existence illusoire ?
" Songkran (thaï) : fête du nouvel an bouddhique, célébrée en Thaïlande et dans les pays voisins à la mi-avril. À l’origine, les gens rentraient dans leur famille et montraient leur respect envers leurs aînés en versant un peu d’eau parfumée dans leurs mains. Aujourd’hui, cette fête est devenue une attraction touristique et l’occasion de gigantesques batailles d’eau dans les rues des villes ; la violence et l’hystérie collective ont malheureusement remplacé le respect de l’autre qui faisait la beauté de cette tradition.
* Baret (Éric) (né en 1953) : disciple de Jean Klein, Éric Baret enseigne le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il est devenu mon principal maître spirituel depuis notre rencontre en 2002.
* Samsara (pali) : littér. transmigration perpétuelle. Désigne le cycle des renaissances – le monde conditionné dans lequel nous vivons – qui, tant que nous n’en avons pas perçu la nature illusoire et le considérons comme la seule réalité, est comparé par le Bouddha à un océan de souffrance.
16 avril 2014, Chiang Mai
Mon nouveau monde
Pour imaginer un nouveau monde, je crois qu’il faut commencer par soi-même. Avant d’imaginer ce que pourrait être un monde plus harmonieux, une société plus équitable, un gouvernement moins totalitaire, une vie plus soucieuse de l’environnement, j’ai envie d’imaginer le monde dans lequel j’aimerais vivre. Pas un monde dans lequel j’aimerais vivre dans le futur (j’ai 79 ans, et mon futur est assez limité), mais dans lequel j’aimerais vivre maintenant, tout de suite, dans lequel je partirais demain, si c’était possible. Ce monde, j’en rêve depuis très longtemps, et j’ai essayé maintes fois de le trouver, ou même de le créer : sans succès. Alors j’ai chaque fois repris ma vie solitaire, et je l’ai imaginé, ou créé dans ma vie intérieure. Mais il devient urgent qu’il puisse se manifester à l’extérieur, dans la réalité physique et matérielle. Je le mentionne chaque jour dans mes prières.
Mon nouveau monde est encore un idéal, peut-être utopique, qui va évoluer. Il est d’abord communautaire. Il est créé, et il se construit, autour d’un groupe, un petit groupe, entre deux et dix personnes. Il se situe dans la nature, la nature sauvage, ou semi-sauvage. Il s’agit de vivre une vie complètement autonome de la société actuelle, après une éventuelle période d’adaptation. Ce genre de vie n’est pas nouveau, il a déjà existé à toutes les époques et dans toutes les régions du monde. Il ne s’agit pas de le réinventer, bien que cela puisse être une tentative extrême, mais de se renseigner sur les expériences existantes, et sur celles du passé. Pour les tentatives extrêmes, je pense à une île déserte, une grotte dans l’Himalaya, la forêt vierge, des régions inhabitées, comme les déserts, les steppes, les montagnes. Mais aussi des zones retirées ou peu peuplées de l’Europe, il est possible de s’installer dans des villages abandonnés, de restaurer des ruines ou même d’acheter des propriétés isolées. Dans certaines régions, il serait possible, et même approprié, de mener une vie nomade.
La première chose à faire est probablement de former un groupe, ou de trouver un groupe existant auquel on pourra se joindre. Dès le moment où on aura décidé de changer de vie, de quitter le monde dans lequel on vit pour s’installer dans un nouveau monde, une des premières questions à se poser est : qu’est-ce que je vais emporter avec moi ? Une autre qui en dépend, est que faire de ce que je ne vais pas emporter. C’est ce que j’appelle le processus de dissolution (des possessions matérielles) ; si on a le temps, c’est très bien de le faire. Sinon, on peut simplement tout abandonner, ou tout léguer, comme on le ferait si on mourait. On peut partir sans rien, mais aussi avec un certain matériel, qui nous permettra par exemple de continuer à pratiquer un métier, ou de cultiver un jardin. Dans le cas d’un groupe qui s’installerait dans un village abandonné, des outils qui permettront d’effectuer des travaux de restauration. Si la communauté décide de vivre de façon complètement autonome, sans électricité, sans essence et sans internet, on n’emmènera ni véhicules à moteur, ni lampes ou appareils électriques, ni ordinateurs ou téléphones portables. Ce sont ce genre de choix qui vont conditionner de façon profonde notre nouvelle vie. Une autre question est de savoir si on envisage, dans le présent ou le futur, des échanges, ou une forme de commerce, avec d’autres groupes similaires, ou avec ce qu’il restera de l’ancien système ?
16 février 2022, Chiang Mai
La violence
La violence, c’est un gros sujet.
J’ai toujours eu horreur de la violence, et je n’ai jamais été un bagarreur.
Je n’ai jamais non plus été très inspiré par les apôtres de la non-violence, Gandhi et d’autres, et je me rends compte maintenant que la non-violence n’est qu’une autre forme de violence, car elle est motivée par les mêmes causes : l’avidité, la haine et l’ignorance, les trois poisons du bouddhisme.
La violence est très présente dans la nature, et l’homme, qu’il le veuille ou non, fait partie de la nature. Aussi, il est un peu artificiel de vouloir séparer les violences humaines des violences de la nature.
La violence (dans le Plan divin) serait nécessaire pour rétablir un équilibre perdu (peut-être). Quant à savoir si elle est nécessaire pour l’évolution, il faudrait d’abord savoir ce qu’on entend par évolution.
Je vais continuer ce que j’ai commencé à écrire sur la violence, même c’est un peu laborieux et déprimant.
Si on regarde l’histoire de l’humanité, les causes de la violence ont toujours été l’avidité et la haine. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est l’ignorance, c’est-à-dire la bêtise humaine, qui est l’intelligence de la science et de la technologie, de nos ordinateurs et téléphones, et de l’intelligence artificielle (IA). Elle est beaucoup plus dangereuse et pernicieuse que la violence de l’avidité et de la haine, et très difficile à cerner précisément.
Dans le livre de John Perkins, The New Confessions of an Economic Hit Man, (en français Confessions d’un assassin financier), on voit bien l’avidité pour le pouvoir politique et économique des Américains, et celle des grandes compagnies qui veulent s’enrichir.
On voit bien la haine comme cause des guerres raciales, des guerres civiles, des génocides.
Mais quelles sont les causes profondes de la crise actuelle, à qui profite-t-elle et qui est derrière ? J’ai de la peine à croire que ce sont quelques milliardaires psychopathes qui veulent s’enrichir encore davantage. Ou que ce soit la Chine ? Comment aurait-elle soudain une telle influence sur les gouvernements des pays occidentaux. Les États-Unis ont toujours pu faire du chantage et de la corruption pour obtenir ce qu’ils désiraient, mais la Chine, où est son pouvoir ?
C’est difficile de savoir que penser et où se situer dans une situation qu’on comprend mal, ou pas du tout. Et dans quelle mesure sommes-nous réellement menacés, déjà en tant qu’individus ? Pour l’instant, il y a beaucoup de paroles et d’images qui terrorisent, et des petits actes qui créent un malaise croissant et nous perturbent psychologiquement, même s’ils ne mettent pas encore réellement notre vie en danger. Mais jusqu’à quand cette situation ambiguë sera-t-elle supportable ?
Il ne faut en tout cas pas devenir des martyrs (de la société ou des gouvernements), mais il ne faut pas non plus en être des victimes et des moutruches. Et on voit que ceux qui sont déjà des assistés deviennent vite des collabos.
Si on accepte que les choses sont ce qu’elles sont, et que si elles sont comme ça, c’est qu’il y a un plan, divin ou diabolique, qui les a conduites à être ce qu’elles sont, cela ne signifie pas qu’on trouve nécessairement que ce soit une bonne chose, et qu’on va se soumettre sans réagir et sans rien dire.
Alors, où se situer et que faire, s’il y a lieu de faire quelque chose ?
Est-il approprié de rentrer dans une forme de résistance (violente ou non) ?
Je crois que la première chose est de comprendre ce qui se passe, car comment pourrait-on agir avec sagesse sans comprendre ?
Et en ce moment, même si on entend parfois des propos sages, on entend beaucoup de bêtises, et personne ne semble avoir vraiment compris la situation.
Tant qu’on ne comprendra pas les causes, on partira en guerre contre des symptômes, comme la médecine allopathique, ce qui ne fera souvent qu’aggraver les choses !
30 mars 2021, Khanom
Une société de victimes
Notre perception du monde extérieur est complètement subjective, elle est le reflet de nos croyances et de notre monde intérieur.
Ceux qui sont déjà les victimes de leur dictature intérieure, verront une dictature dans le monde extérieur, dont ils seront aussi les victimes.
La victime a peur des autres et du monde extérieur, car elle s’imagine que tout ce qui lui arrive est la faute des autres, de la société, du gouvernement, de Dieu même… une bien triste condition ! Mais tant qu’on ne prend pas la pleine responsabilité de sa vie, on est nécessairement la victime de ceux à qui on cède cette responsabilité.
Une société où la majorité des gens se considèrent comme des victimes, va nécessairement créer un régime politique dans lequel ils pourront continuer à être des victimes, et continuer à se plaindre, à revendiquer, à manifester, à faire grève… Car c’est devenu une addiction, comme le stress et la peur, d’autres caractéristiques de la mentalité de victime, la pitoyable condition de tous ceux qui ont perdu leur pouvoir, celui de créer leur vie, et leur confiance dans le Plan divin.
Ceux qui sont libres (éveillés), sont libres partout, quels que soient les termes dont les gens qualifient le régime politique, et même s’ils devaient se retrouver enfermés dans une prison ou un camp de concentration.
Tout est juste, si on sait le voir, et en tirer les leçons. Ce qui nous arrive est toujours ce dont nous avons besoin pour évoluer.
L’ombre de la clé génétique 55 est la mentalité de victime, son talent et son siddhi sont tous deux la liberté.
C’est aussi la clé génétique 55 qui est en train de muter dans le monde actuel, et ce petit virus est peut-être une bénédiction qui lui permettra de muter plus rapidement.
Il faut rester optimiste, et voir le bon côté des choses… c’est en tout cas meilleur pour la santé !
27 mars 2020, Khanom
Nassim Haramein
Mon séjour à la New Life Foundation ne fut pas complètement négatif. Avant mon départ là-bas, je m’étais inscrit à la Resonance Academy de Nassim Haramein, et pendant tout le début de mon séjour j’ai étudié les cours sur mon ordinateur, le matin et le soir. Il y a six modules : changer notre vision du monde, penser différemment, physique moderne, physique unifiée, anciennes origines, implications et applications. Chaque module est composé de nombreuses leçons qui contiennent des textes, des illustrations, des vidéos et parfois des articles ou des documents annexes. Même si je suis loin d’être un physicien, tous ces sujets me sont assez familiers, car je suis les recherches de Nassim depuis 2016, et dans le passé, j’ai lu de nombreux livres sur ces sujets. Ainsi, j’ai étudié l’ensemble du cours en un peu plus d’une semaine, puis j’ai ensuite lu des articles et regardé des vidéos que j’ai trouvés en explorant le site. Mais je trouve que s’il y a beaucoup de matériel sur ce site, la quantité l’emporte largement sur la qualité. À part les vidéos de Nassim et certains articles, le reste n’a pas un grand intérêt. Il y a bien sûr toutes les vidéos des réunions de groupe sur l’internet, dirigées par Teresa et Marshall, les nouveaux directeurs de la Resonance Science Foundation, et quelques autres, très semblables à celles de GeneKeys.net avant que Teresa et Marshall ne le quitte pour rejoindre Nassim. Mais de nouveau, l’aspect communautaire de cette organisation ne m’attire pas du tout : ces bavardages futiles dans une euphorie générale à l’américaine ne sont pas mon truc.
Hier j’ai fait le point, et une liste des pages du site qu’il faut encore que j’explore, mais je pense que j’aurai bientôt fait le tour de cette Académie, comme j’ai fait le tour, à une époque, de celle de Bentinho Massaro*. Cela n’enlève rien à la valeur des recherches et des découvertes de Nassim et je continuerai à suivre son travail. Il semble que les principales et les meilleures vidéos sont sur YouTube, et il n’est pas nécessaire de continuer à être membre de l’Académie pour les suivre. Curieusement d’ailleurs, je trouve que les meilleures vidéos sont celles en français. Est-ce que Nassim se sent plus libre de révéler tout ce qu’il a découvert devant un auditoire francophone ? L’Académie est d’ailleurs traduite en français. Le cours français ne semble toutefois pas encore aussi complet que le cours anglais, et il est aussi moins cher. Mais si on a acheté le cours anglais, comme moi, on doit quand même payer 50 % du prix du cours français pour y avoir accès, ce que je ne trouve pas très correct. De toute façon, j’aurais beaucoup à redire sur l’organisation de la Resonance Science Foundation et de l’Académie. C’est un système de business à l’américaine, celui qui est une des principales causes du marasme dans lequel se trouve le monde actuel, un système qui appartient complètement à l’ancienne vue du monde, avec sa hiérarchie, sa compétitivité, sa publicité agressive, son marketing viral, les prix abusifs de certains produits comme les voyages, et les nombreux avantages et privilèges accordés aux riches sponsors, qui ne font que renforcer les sentiments de séparation et d’inégalité au lieu de donner l’exemple d’une organisation basée sur de nouveaux principes unitaires, comme le préconise Nassim dans ses discours. Quelle est vraiment la valeur des nouvelles idées et des belles paroles, tant qu’on n’est pas capable de les mettre en œuvre par ses actions dans sa vie et dans son environnement. Ce n’est pas avec les méthodes de l’ancien paradigme qu’on va changer le monde.
* Bentinho Massaro : maître spirituel de la non-dualité. D’origine hollandaise, il vit et enseigne aux États-Unis.
25 novembre 2019, Chiang Mai