BLOG   LUMIÈRE DE SAGESSE

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Blog de Pierre Wittmann – Avril - juin 2023

29 Jun 2023

Essence

L’essence (la nature fondamentale) est le contenant, la manifestation est le contenu, même s’ils sont inséparables. 

Pour un maître éveillé, qui incarne l’essence, elle est sa présence, pas ce qu’il dit ou ce qu’il fait, qui est le contenu ou la manifestation de l’essence ; aussi, si on se concentre sur sa parole, sur son apparence, sur l’environnement, on manque l’essence. L’essence est ressentie dans le cœur, même si ce n’est pas une émotion, ni un ressenti corporel, mais elle n’est pas comprise par le mental. En fait, c’est notre essence qui ressent l’essence. Quand on ressent l’essence, cela signifie que notre essence s’éveille. L’essence est dans tous les êtres et en toutes choses, mais elle apparaît plus ou moins fortement. Lorsque notre essence est éveillée, nous percevons l’essence en toute chose, mais lorsqu’elle ne l’est pas, seuls les êtres ou les choses où elle est très forte peuvent l’éveiller en nous. En particulier les êtres éveillés ; mais aussi la nature : certains paysages, un arbre, une fleur, un arc-en-ciel ou un coucher de soleil, certains animaux plus que d’autres ; et les œuvres d’art, surtout celles qui ne font pas trop appel au mental ni aux émotions, mais qui incarnent une beauté subtile et simple : un poème, une église romane, une toile de Rothko ou de Turner, une musique de Bach ou de Miles Davis… des œuvres qui émanent directement de l’essence.

La perception de l’essence fait taire le mental et les émotions, et c’est dans ce silence que notre propre essence peut émerger, et révéler alors l’essence en toute chose. Le mental et l’émotion ne perçoivent que le contenu des choses, pas leur essence !

Je lis avec beaucoup d’intérêt le livre de A. H. Almaas*, Essence.

L’essence (la nature de bouddha, la pure conscience, la claire lumière…) serait une substance, mais pas de la matière ordinaire, de la matière subtile d’une autre dimension. En tout cas, elle n’est ni le mental, ni les émotions, ni le corps, ni une énergie. La réalisation de la vacuité serait une étape incontournable pour réaliser l’essence, qui n’est toutefois pas la vacuité. Ceux qui semblent avoir décrit le plus clairement l’essence sont les soufis (et Gurdjieff), et aussi Sri Aurobindo. Il semble qu’on puisse découvrir l’essence par étapes avant d’avoir complètement abandonné la personnalité.

L’essence (de toute chose) serait une sorte d’espace substantiel. Peut-être la masse cachée de l’univers ?

Ainsi, la manifestation ne naîtrait pas du vide ou de la vacuité, mais de l’essence, d’une substance subtile et invisible (aux sens externes), dont les expressions se densifieraient et se subtili­seraient… peut-être semblables aux champs quantiques ondulatoires qui se manifestent sous forme de particules. Ainsi, la sagesse des électrons (de la matière), chère à Jean Charon*, existerait déjà sous une forme subtile dans le champ (qui serait l’essence). La lumière serait aussi une forme plus subtile que la matière, mais déjà une manifestation de l’essence.

Dans la Diamond Approach, Almaas parle des couleurs, qui sont les différents aspects de l’essence. Ces couleurs sont des expressions de la claire lumière. L’essence est donc lumineuse, consciente et omnisciente, et est ainsi la source de toute manifestation.

Tant qu’il y a quelqu’un qui s’approprie l’essence (je suis), c’est qu’il y a encore un ego subtil qui est conscient d’une expérience personnelle.


* Almaas (A. H.) : auteur et enseignant spirituel américain koweïtien qui enseigne une approche du développement spirituel éclairée par la psychologie et la thérapie modernes qu'il appelle l'approche du diamant. Almaas est le mot arabe pour diamant.

* Charon (Jean) (1920-1998) : physicien et philosophe français qui a émis l’hypothèse qu’il existerait une forme d’esprit ou de conscience dans la matière.

 

29 décembre 2015, Chiang Mai

1101 Silence

1101 Silence

15 Jun 2023

Périodes de mélancolie

D’une façon générale, il ne faut pas considérer que notre « état » n’est pas normal et est négatif. Dieu n’a pas fait d’erreur dans notre plan de vie ! Tout ce qui nous arrive doit nous arriver : la preuve, ça nous arrive ! Plutôt que de régir négativement, il faut voir ce qu’il y a de positif et ce qu’on peut apprendre.

Les personnes qui ont une personnalité de type individuel (c’est mon cas, et souvent celui des artistes) sont sujettes à des périodes de mélancolie, de morosité, de dépression, de manque d’énergie et d’inspiration, de repli sur soi. Ces états sont plus ou moins virulents selon les personnes.

Ces périodes alternent avec les périodes de créativité, d’inspiration et d’énergie : elles sont les périodes de gestation de la créativité ! Aussi, il ne faut surtout pas essayer de les éviter ou les supprimer, au contraire, il faut les accueillir avec bienveillance. Plus on essaie de les éviter ou de les supprimer et plus elles vont se prolonger et devenir virulentes. Il faut simplement rester tranquille, sans vouloir accomplir trop de choses ; éviter surtout tout travail créatif ou qui demande beaucoup d’énergie : attendre pour cela des temps meilleurs ! Le problème, à notre époque, est qu’on croit qu’on est toujours obligé d’être efficace et de faire les choses tout de suite.

Cela ne veut pas dire que ces états moroses soient agréables. Il faut toutefois remarquer que la vie (dans le samsara*) n’est pas toujours agréable : c’est une alternance de joies et de peines. Et si on essaie de rendre sa vie toujours agréable, on est parti pour beaucoup de frustrations et de désillusions.

On ne peut jamais prévoir quand ces périodes de mélancolie vont commencer et finir. Elles ne sont pas produites par des causes extérieures : événements, situations, personnes (même si cela peut sembler être le cas), mais par des rythmes intérieurs.

Bien sûr, quand on est dans ces états, on n’est pas très sociable, et on peut avoir à annuler des rendez-vous. Mais il ne faut pas annuler des projets à moyen ou long terme, parce que l’état mélancolique peut cesser demain, aussi subitement qu’il est apparu.

Ce qui peut aider dans les périodes de morosité : regarder des vidéos d’enseignements spirituels, plutôt que la télévision ; lire des livres inspirants, plutôt que les journaux. Et surtout se relaxer, dormir, se balader dans la nature…


* Samsara (pali) : littér. transmigration perpétuelle. Désigne le cycle des renaissances – le monde conditionné dans lequel nous vivons – qui, tant que nous n’en avons pas perçu la nature illusoire et le considérons comme la seule réalité, est comparé par le Bouddha à un océan de souffrance.

 

5 janvier 2014, Chiang Mai

731 Ombre et lumière

731 Ombre et lumière

2 Jun 2023

Potentialité et perception

La jonction entre le temps qui passe, la ligne du monde matériel et l’idée du temps total, volume de toutes les potentialités, crée l’œuvre d’art qui exprime, sur le plan matériel perceptible aux sens, des idées ou possibilités qui ne se réalisent pas concrètement dans notre espace-temps limité ! On donne à percevoir dans le niveau de conscience ordinaire des « images », « expériences », « réalités » d’un niveau de conscience supérieur. C’est comme la coupe, dans le monde à deux dimensions, d’une réalité à trois dimensions, ou plutôt comme la vue, la projection ou la perspective d’un objet à trois dimensions dont un être à deux dimensions ne perçoit que la coupe.

Quelle est la potentialité complète, totale, d’une image ? Dans le cas d’une quadrichromie, ce serait la surface couverte de la trame la plus serrée des quatre couleurs de base. Et alors, en enlevant les points appropriés, on peut obtenir toutes les images possibles. Si on considère une image lumineuse, ce serait la surface blanche qui contient toutes les couleurs du spectre sur toute la surface. De nouveau, en enlevant les couleurs appropriées aux endroits appropriés, on peut obtenir toutes les images possibles. Donc, le carré blanc, ou le carré noir, est la dimension supérieure de toute image ! Le plein et le vide, à ce niveau, sont donc semblables, ils représentent la totalité, l’unité complète, l’éternité, le permanent, l’immuable, ce qui ne change ou ne bouge pas, et contient toutes choses ! C’est un niveau qui transcende la perception des sens. C’est le niveau de « neither perception nor non-perception », l’arrêt de la conscience, de toute activité mentale, l’union avec l’absolu, l’éternel, avec Dieu !

Cela rejoint tout à fait mes peintures actuelles ! Les points sont en fait un agrandissement microscopique du carré noir ou blanc, une représentation symbolique ou métaphorique. Les deux tableaux opposés sont aussi une variation de cette idée (Les trois visions, 581-582)

Notre perception ordinaire existe par rapport à la discrimination et la dualité ; la forme, le plein, existe par rapport au vide ; une couleur par rapport aux autres couleurs, ou au blanc ou noir ; un son par rapport aux autres sons ou au silence, par rapport à leur succession dans le temps et leur mouve­ment. Nos sens ne perçoivent qu’une chose à la fois, et les unes après les autres. L’ensemble des possibilités n’est pas perceptible dans le monde des sens, du temps qui passe, de la matière…

Par exemple, toutes les possibilités d’une maison seraient un bloc de béton plein, comme le bloc de pierre brut est l’ensemble des possibilités d’une sculpture. Il suffit, dans chaque cas, d’enlever ce qu’il y a de trop, et finalement, comme dit Lao Tseu, c’est le vide qui fait la forme ! De même, ce sont les silences de chaque instrument qui font la musique, ou du moins son rythme. (Le rythme correspond à la forme et les notes aux couleurs). La musique ne peut exister en dehors du temps qui passe, alors que les arts plastiques peuvent, dans une certaine mesure, échapper au temps, mais non à l’espace ! Si toutes les notes d’une musique étaient simultanées, il n’y aurait plus de musique, un peu comme si toutes les couleurs d’une peinture étaient ramenées en un point (le trou noir).

Toutes les couleurs s’écoulent en un point, noir ou blanc.

Le visible et l’invisible : le visible est dans le temps qui passe, l’invisible est éternel (Nicoll).

 

30 juillet 1991, Bangkok


581 Les trois visions

581 Les trois visions

2 Jun 2023

Potentialité et perception

582 Les trois visions

582 Les trois visions

18 May 2023

Tokyo

Nouvelle journée de marche pour visiter musées et galeries ; pas dans un but de prospection des galeries, mais plutôt pour remuer encore un peu plus mes idées et convictions sur l’art contemporain (et peut-être l’art en général) et les remettre en question. J’ai commencé par un musée d’art traditionnel japonais, le musée Idemitsu, qui m’avait beaucoup impressionné lors de mon premier séjour à Tokyo. Surtout les salles de calligraphie, que je ne pratiquais pas encore à l’époque. Il y avait aujourd’hui une exposition de Sengaï, un célèbre moine zen de la fin du dix-huitième, début du dix-neuvième siècle. Si j’aime bien ses calligraphies (mais sans plus), je n’aime pas beaucoup ses peintures, pour la plupart des sujets anecdotiques avec des personnages. Il y avait par contre sa célèbre peinture de l’univers, avec un rond, un triangle et un carré : elle est superbe. J’ai préféré l’expo de tsugi-shikishi que j’ai vue l’autre jour dans une bijouterie de Ginza ; il s’agit d’une petite calligraphie très fine du douzième siècle où les idéogrammes ne sont que quelques traits fins très épurés, avec une très belle composition. 

Ensuite, j’ai fait le tour des galeries d’art contemporain de Kyobashi, une vingtaine, que j’ai visitées méthodiquement en suivant le petit guide du quartier, montant aux étages ou descendant dans les caves à chaque fois. À part une expo de gravures de Klee et une belle lithographie de Frank Stella, rien d’intéressant : vraiment n’importe quoi. Encore plus triste que mes derniers tours des galeries de New York ou de Paris, où il y avait au moins de temps en temps un artiste qui me disait quelque chose. Je me demandais, en sortant d’un de ces immeubles étriqués, pourquoi je m’acharnais à aller chercher des impressions visuelles dans ces petites galeries alors qu’il y en avait plein dans la rue qui sont beaucoup plus belles et plus intéressantes. Surtout dans ce pays où rien ne semble posé au hasard, mais où tout est cadré, composé, disposé avec un souci conscient ou non d’esthétique.

Je me rends compte du non-sens de ces quelques toiles incohérentes cachées dans une petite pièce en sous-sol ou à l’étage, qu’on trouve difficilement après avoir franchi escaliers, portes, ascenseurs. Seuls quelques rares visiteurs parviennent au cœur de ces galeries pour en ressortir déçus ; alors que la foule circule au milieu d’un environnement urbain qui est une succession ininterrompue d’œuvres d’art. Dans la rue, l’architecture, le design, les vitrines, les enseignes, tout est création de l’homme, même la nature domestiquée des jardins japonais ; et les gens eux-mêmes : leurs habits, accoutrements, allures, coiffures, maquillages sont toujours les résultats d’un souci esthétique. Même les choses qui semblent à première vue uniquement utilitaires et dépourvues de toute intention esthétique, comme les écriteaux, les signes de circulation peints au sol ou les fils électriques, sont souvent les plus étonnantes des œuvres d’art. Mais est-ce que les gens voient, comme moi, leur ville comme une gigantesque œuvre d’art ? Ce n’est pas sûr ! Alors, le rôle de l’artiste est-il de le leur montrer par des toiles pop ou hyperréalistes cachées dans des galeries ? Ou par des photos ? Le Japon est un pays où tout suggère la photo ! 

Ce que je passe le plus de temps à observer, ce sont les gens, surtout les visages ; ils sont souvent étonnants : de vraies sculptures ou des masques vivants. Je les observe dans la rue et aussi dans le métro. J’aurais envie de faire des portraits. Certains visages sont très beaux, d’autres ont beaucoup de caractère, ou sont de vraies caricatures ; ils sont rarement banals. Je remarque que les femmes sont souvent belles, sereines, épanouies, souriantes, alors que la plupart des hommes paraissent tristes, inquiets, ternes, accablés, étiolés, efféminés ; ou parfois joviaux, boursouflés, rougeauds : ceux qui compensent par la nourriture, l’alcool, la fumée… Le contraste entre les hommes et les femmes est frappant. Est-ce un des effets secondaires de cette société matérialiste basée sur le profit et la croissance économique où l’énergie yang de la dimension spirituelle fait si cruellement défaut ? 

 

27 septembre 1989, Tokyo


434 Katsura

434 Katsura

4 May 2023

Écriture

Une nouvelle année commence, et pour moi, peut-être une nouvelle vie, comme je le souhaite depuis longtemps. Une vie d’écrivain… Est-ce le moment ? C’est à moi de le décider. Depuis des mois, il y a au début de mes listes de choses à faire « écrire tous les jours », mais j’en suis loin, même si j’écris tous les jours des mails ou divers autres petits textes pour satisfaire les nécessités de la vie quotidienne. Ce que j’appelle écrire, c’est écrire pour écrire : se mettre tous les matins devant une feuille blanche ou devant son clavier pour écrire, le rituel qu’accomplissent la plupart des écrivains. Amélie Nothomb s’y met, à jeun, à 4 heures du matin… pour moi ce sera plutôt vers 9 ou 10 heures. Je commence ce matin, combien de temps vais-je tenir ? Ce n’est pas la première fois que je prends cette décision. Ces dernières années, je tenais parfois quelques semaines, le plus souvent quelques jours. Pourtant, à l’âge d’or de mon Journal, je l’écrivais presque tous les jours, et plus particulièrement à l’époque des Pages (de 1998 à 2001), où, suivant les recommandations de Julia Cameron dans la Voie des artistes, j’écrivais fidèlement mes trois pages matinales (manuscrites dans un cahier). C’est une pratique qui me faisait beaucoup de bien, et que j’aimerais reprendre, même si c’est sous une autre forme. J’ai décidé ce matin d’écrire avant de me connecter à l’internet et d’ouvrir mon mail. Écrire le Journal, ou les Pages, c’est une chose. Parallèlement, j’écrivais aussi des Notes de Dharma, qui sont devenues plus tard des Réflexions, dans lesquelles je passais de mes regards sur ma vie à mes regards sur la vie. Toutes ces différentes sortes de regards furent la source de la plupart de mes livres, prose ou poèmes. À part Marlène, mon roman, qui est une autre forme d’écriture, que j’aimerais retrouver. Je l’avais commencé, les premiers jours, par de l’autobiographie, c’est ma manière de me mettre dans l’écriture, mais il ne faut pas que je m’arrête là, sinon cela reste le Journal. À un certain moment, il faut progressivement basculer dans la fiction… c’est là que cela devient intéressant, et même passionnant. Voilà le programme : poser la plume sur le papier (ou les doigts sur le clavier) et commencer à écrire, pour amorcer la canalisation de l’inspiration, sans savoir où elle va me conduire.


1er janvier 2022, Chiang Mai

457 Alphabet

457 Alphabet

20 Apr 2023

Le Vendée Globe

Cette semaine, il y a eu l’arrivée des dix premiers concurrents du Vendée Globe, la course en solitaire (sans escale et sans assistance) autour du monde, après un peu plus de 80 jours de navigation. J’étais tombé par hasard sur le départ de cette course le 8 novembre dernier, et depuis je l’ai suivie tous les jours avec beaucoup de plaisir. Même si je n’ai plus fait de voile depuis plus de 30 ans, depuis que je vis en Thaïlande, je garde de bons souvenirs de mes années de navigation sur le lac Léman dans ma jeunesse, et des nombreuses régates que je faisais chaque année. Sur la mer, je me souviens d’une croisière entre la Côte d’Azur et la Corse et d’une autre sur le Pacifique entre Tahiti et Bora Bora. Même si les circonstances ne se sont pas présentées dans cette vie, je me serais bien vu traverser les océans à la voile, ou même faire le tour du monde. Aussi, ce Vendée Globe m’a bien fait rêver.

J’ai été très impressionné par la personnalité de ces navigateurs, sympathiques, chacun dans leur genre. Ils étaient 33 au départ, dont six femmes ; dix sont arrivés et 15 sont encore en course. Cette course est vraiment très bien organisée, on peut féliciter les organisateurs. Bien sûr, les moyens de communication modernes y sont pour quelque chose. Sur le site internet, en plus du classement et de la carte de la position des bateaux, avec toutes les informations techniques (vitesse du bateau, vitesse du vent, température de l’air et de l’eau, distance à l’arrivée, distances entre les concurrents), on avait chaque jour des messages des marins, racontant leurs joies et leurs difficultés, des vidéos en direct, et le Vendée Live, un compte-rendu quotidien de la situation.

À l’arrivée, pour chaque concurrent, la vidéo en direct de son passage de la ligne d’arrivée (quand les conditions le permettaient), la remontée du chenal qui conduit au port, sous les applaudissements de la foule, très limités cette année à cause de la crise sanitaire, l’arrivée sur le ponton, plus une conférence de presse où les marins racontent les principales péripéties de leur course.

Avec la technologie moderne, les conditions de navigation du Vendée Globe, et des régates actuelles, sont très différentes de celles que j’ai connues dans les années 1960 et 1970 sur le lac de Genève, de celles qu’ont connues mes amis qui étaient venus à la voile jusqu’à Tahiti dans les années 1980, et même de celles des célèbres navigateurs comme Tabarly à la même époque.

Les bateaux qui participent au Vendée Globe sont des Imoca, des bateaux légers en carbone de 60 pieds (près de 20 mètres) de long, 5 à 6 mètres de large, avec un mat de 28 à 30 mètres de haut et une surface de voiles de 400 à 600 m2. Dans des conditions normales, ils sont sensés être insubmersibles. Ces bateaux sont équipés de toute une série d’équipements électroniques et de gadgets sophistiqués : ordinateurs, balises de repérage, caméras vidéos, connexions internet par satellite, radars, mais aussi plusieurs système très performants de pilotage automatique, désalinisation de l’eau de mer, générateurs de divers types, et toutes sortes d’alarmes et de systèmes de sécurité.

Les Imoca les plus récents sont équipés de foils, des sortes d’ailes profilées qui leur permettent de surfer sur les vagues et d’atteindre des vitesses de plus de 30 nœuds. Mais même ceux qui n’ont pas de foils naviguent déjà à plus de 20 nœuds. À ces vitesses, ces bateaux vibrent et sont très bruyants, ce qui est très inconfortable quand il faut supporter ces conditions pendant des semaines. Lorsque ces bateaux butent à cette vitesse dans les vagues cela crée des chocs très violents qui, dans les pires des cas, peuvent briser ou fissurer la coque, mais peuvent aussi casser ou endommager toutes sortes d’accessoires et d’équipements. Et il semble que, pour la plupart de ces marins, il n’y a pas un jour sans un problème technique. Ils emmènent donc des outils, des matériaux, des pièces de rechange, et il faut qu’ils soient bons bricoleurs, car ils ne dépendent que d’eux-mêmes pour réparer les avaries. Il faut être capable de monter au mat, de recoudre les voiles déchirées, de démonter et réparer les appareils, mécaniques et électroniques, et tout cela en pleine mer. S’ils ne sont pas capables de réparer, ils doivent abandonner la course et rallier le port le plus proche. Tous les bateaux sont obligatoirement équipés d’un moteur, qu’ils n’ont le droit d’utiliser, tant qu’ils sont en course, que pour faire tourner un générateur.

L’itinéraire de la course, après le départ des Sables d’Olonne, comprends la descente de l’Atlantique, avec la traversée du pot au noir, une zone de turbulences et de calme proche de l’équateur, le passage au sud des trois caps, le cap de Bonne Espérance au sud de l’Afrique, le cap Leeuwin au sud de l’Australie et le cap Horn au sud du Chili, en traversant l’océan Indien et l’océan Pacifique, puis la remontée de l’Atlantique jusqu’aux Sables d’Olonne. Même si la course a lieu pendant l’été austral, il fait très froid dans les mers du sud, l’eau est glacée et il neige parfois. Les conditions de vent et de mer sont intenses, c’est pourquoi on appelle ces régions qui contournent l’Antarctique les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants. Il y a, au sud de ces zones, une limite des glaces que les marins n’ont pas le droit de franchir afin d’éviter de rencontrer des icebergs.

 

31 janvier 2021, Chiang Mai

357 Macroscopie (Bora Bora)

357 Macroscopie (Bora Bora)

6 Apr 2023

But de la vie

Je repensais cette semaine au but de ma vie, à mes activités, et à celles qui devraient faire partie de ma nouvelle vie. L’idée générale était d’aider les autres, de changer le monde. Dans le système des Gene Keys*, les deux premières clés génétiques de ma Séquence d’activation sont le 39 et le 38. Deux aspects violents de la personnalité humaine. Dans l’ombre*, le 39 est la Provocation et le 38 la Lutte. Dans le talent*, le 39 est le Dynamisme et le 38 la Persévérance. Pour moi, le Dynamisme signifie que j’ai besoin de faire un travail créatif, et un travail que j’aime, pour trouver mon énergie, et je sais que quand je décide de faire quelque chose et m’y attèle, je suis capable de beaucoup de Persévérance. Ce qu’il faut que j’évite à tout prix, ce sont les périodes de doute et d’inactivité. Pour le 39 et le 38, j’ai la ligne 6. Pour le 39, cela signifie enseigner, changer la façon dont les gens pensent. Le siddhi* du 39 est la Libération : penser autrement, créer une nouvelle vie est une libération, pour moi, pour les autres, pour le monde. Mais cela demande souvent de la Provocation, et toujours de l’énergie (Dynamisme). Pour le 38, les mots clés de la ligne 6 sont éducation et lâcher-prise (surrender). Éducation, pour moi, cela signifie que je n’aurai jamais fini d’étudier, ce n’est pas le moment d’arrêter ; dans mon cas, je ne crois pas qu’il y ait une réalisation appelée la « fin de l’étude », comme dans le bouddhisme tibétain. L’éducation, c’est aussi transmettre ce qu’on a appris, en particulier aux enfants, aux jeunes, qui sont les générations de demain. Lâcher prise, j’ai l’impression que cela signifie ne pas avoir d’attentes, ne pas rechercher un résultat ou une reconnaissance à court ou moyen terme, car le but de ces études et de leur transmission ne se manifestera que bien au-delà de cette vie. Cela donne du sens aussi au siddhi du 38, l’Honneur, un mot qui était toujours resté mystérieux pour moi. Surrender signifie aussi se rendre, se soumettre, se sacrifier, en accomplissant une tâche supérieure à soi, à laquelle on s’adonne de tout cœur, totalement, bénévolement et avec dignité. C’est une réponse spontanée à la vie, fondée sur un amour inconditionnel pour tous les êtres : la Grande activité du mahayana* !

Les choses sont déjà plus claires, avant qu’elles le deviennent complètement dans la suite du Deep Dive, avec le siddhi du 51, l’Éveil, et celui du 57, la Clarté. Continuer à étudier, à regarder, à contempler, à m’émerveiller… à partager mes découvertes et à en tirer la quintessence dans mes écrits, ou ma peinture. Une manière de partager ce que j’ai à transmettre, ce sont mes sites internet, même si pour l’instant ils sont peu visités. Je m’y suis remis hier. J’ai migré le site Marlène-et-le-jeu-de-la-vie, j’ai refait un site Guide-du-bonheur, j’ai commencé le site Pierre-Wittmann-livres et un nouveau site Ma-nouvelle-vie. Je me rends compte que pour que toutes ces informations, ces idées, ces créations trouvent une plus large audience, j’aurais besoin d’aide. C’est une des choses que je dois manifester dans ma nouvelle vie ! Sans présager de la forme, entre le matériel, le virtuel et le quantique, que cette aide va prendre. Pour l’instant, je les rends disponibles à ces différents niveaux. Le niveau matériel, ce sont les livres et les tableaux : je m’en détache. Le niveau virtuel, ce sont les sites, l’internet : que vaut-il ? Est-il fiable à long terme ? J’en doute un peu, peut-être moins que le niveau matériel, en tout cas dans ce monde matériel à trois dimensions. Et n’est-il pas encore complètement lié au matériel ? Pour le moment, il semble être la solution pour sauvegarder une infinité de connaissance. Mais c’est une manière artificielle, créée par l’homme, qui pourrait disparaître complètement du jour au lendemain, si la nature en décide ainsi. Quand on voit que les turbulences émotionnelles produites par un petit virus mettent déjà en danger l’équilibre précaire de nos sociétés. Le niveau quantique : il reste à explorer. C’est probablement l’avenir, et le seul qui soit valable dans toutes les dimensions. 

La pérennité des choses matérielles, des données virtuelles, de nos idées, à laquelle l’homme donne une si grande importance, est un concept bien aléatoire, dont il serait sûrement plus sage de se détacher. Quand je pense à la liberté et la légèreté que j’ai ressenties après la dissolution de mes possessions matérielles en France, j’imagine la libération que serait la dissolution de mes possessions virtuelles, les centaines de milliers de fichiers qui sont sur mon ordinateur. Et il suffit de quelques clicks pour non seulement s’en débarrasser, mais les anéantir complètement à jamais. Alors que les livres, les tableaux, les meubles… je m’en suis débarrassé, mais ils continent leur existence, quelque part. C’est le propre du matériel, il est difficile à détruire. Les pyramides construites par nos lointains ancêtres sont toujours là ; et nos centrales nucléaires, nos autoroutes, nos immeubles en béton, je me demande si ce qui en restera dans dix ou quinze mille ans suscitera l’admiration de nos descendants. J’en doute ! 


* Gene Keys : littér. clés génétiques. J’ai utilisé la traduction française pour désigner les 64 aspects de la personnalité humaine décrits par Richard Rudd (qui correspondent aux 64 codons du code génétique humain, aux 64 hexagrammes du Yi Jing et aux 64 portes du Human Design). J’ai gardé l’anglais Gene Keys pour désigner le système et les enseignements développés par Richard Rudd, l’organisation qu’il a mise en place pour les diffuser et le titre de son livre.

* Ombre, talent, siddhi : fondation du système des Gene Keys développé par Richard Rudd, le Spectre de la conscience révèle que chacun des soixante-quatre aspects de la personnalité humaine (symbolisé par une clé génétique, un hexagramme du Yi Jing ou une porte du Human Design) comporte trois attitudes fondamentales qui correspondent à trois niveaux de conscience : une attitude négative (celle de la victime) : l'ombre ; une attitude positive (celle de l'être en chemin) : le talent ; et une attitude éveillée (celle de l'être accompli qui a transcendé la dualité des deux autres) : le siddhi. Chaque clé génétique comporte six lignes (les six lignes de l’hexagramme du Yi Jing), qui ajoutent leur coloration particulière et déterminent une stratégie spécifique dans la façon de gérer chacun des aspects de notre personnalité.

Mahayana (sanscrit) : littér. grand véhicule. Une des deux grandes branches du bouddhisme – avec le theravada, ou bouddhisme ancien – qui s’est développée en Inde à partir du premier siècle avant J.-C. Le mahayana comprend toutes les écoles tardives du bouddhisme qui se sont répandues par la suite en Chine, au Japon et au Tibet. Alors que le theravada met l’accent principalement sur la vie monastique et la libération individuelle, l’adepte du mahayana aspire à l’illumination pour œuvrer à la libération de tous les êtres. Cette attitude est incarnée par le bodhisattva, dont la vertu principale est la compassion.

 

1er mars 2020, Chiang Mai

317 Rythmes du Pacifique

317 Rythmes du Pacifique

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