Blog de Pierre Wittmann – Décembre 2022
Réalité illusoire
Voir les perceptions des sens et les pensées comme des manifestations et des ornements de la nature de l’esprit (ou pure conscience), ou comme son frémissement ! C’est le silence et la tranquillité de la pure conscience qui observe sa propre efflorescence, qui surgit d’elle-même et se résorbe en elle-même sans affecter sa vigilante et sa tranquillité. Il y a émerveillement devant la richesse, la multiplicité et la créativité de ces expressions fugitives. Il ne s’agit pas de les ignorer ou de les rejeter, mais de jouir pleinement de la beauté magique de leur spectacle incessant, sans toutefois s’identifier à lui et en faire une histoire personnelle.
La pure conscience crée le temps et la causalité pour suggérer la continuité de ses expressions fugaces et leur donner une réalité illusoire.
Texte : Réflexions, 24 octobre 2014, Chiang Mai
Peinture : 812 Lumière multicolore, 46 x 38 cm, acrylique sur papier
Paris
En arrivant, j’étais de nouveau très séduit par Paris, mais je sens que dans quelques jours je serai content de retourner à la campagne. Curieusement, il y a une sorte d’excitation à voir les gens dans la rue, les beaux endroits, les multiples activités offertes dans tous les domaines ; mais ce ne sont finalement que des possibilités mentales qui s’offrent à ma curiosité insatiable. Et concrètement, il ne se passe pas grand-chose. C’est séduisant au niveau imaginaire. Je pensais hier que ce serait bien d’avoir un pied-à-terre à Paris. Je ressentais la même chose à Lyon, récemment. Il y a le spectacle des yeux, et les désirs subtils pour tous les plaisirs de sens qui sont constamment éveillés. Mais tout cela est irréel, une illusion alléchante, certes, mais que je n’aimerais pas voir se matérialiser.
Dans l’expo de Staël, je regardais la vue sur Paris, en direction du nord, encadrée par les poutrelles extérieures du Centre Pompidou. C’était superbe, comme un tableau hyperréaliste, mais aussi très irréel ; et je rêvais d’un atelier-studio dans les toits de Paris, avec cette belle vue. La grande ville a ses charmes, si on a un lieu confortable pour s’isoler de la foule et du bruit, et qu’on choisit ses sorties.
Aujourd’hui il pleut, que faire ? Je n’ai pas envie de sortir, d’aller au cinéma, dans les librairies ou les musées. J’aurais aimé me balader dans les rues : recherche d’aventure, de rencontres, ou trouver des magasins, des galeries, des sites, des visions, des idées nouvelles. C’est ce que j’aime dans les grandes villes. À ce propos, j’ai vu une intéressante exposition de Lartigue : des photos prises au vol, insolites, souvent comiques ou ludiques, dans le Paris des années 1930. Dans le spectacle des yeux, il faut en même temps percevoir le côté extra-sensoriel : aller au-delà de l’image, du visuel. C’est cela que j’aime traquer dans le paysage urbain, souvent plus scintillant, à ce point de vue, que les paysages de la nature.
Texte : Journal, 30 juin 2003, Paris
Peinture : 159-4 Évolution à Beaubourg – 50 x 65 cm – Acrylique sur papier